Sandria P. Bouliane, Université Laval

En 1929, Herbert S. Berliner, Roméo Beaudry et trois avocats de la ville de Montréal mettent en commun leurs savoirs et leurs avoirs pour créer une série de chansons filmées. Au dernier étage d’une manufacture de vêtements, Apex Films Parlants place pour la première fois devant une caméra des chanteurs canadiens-français, bien connus des milieux théâtral et folklorique. C’est avec des chansons que la jeune entreprise choisit de marier enregistrement phonographique et cinéma. Or, bien que ces chansons filmées s’affichent aujourd’hui comme des expérimentations réussies, elles semblent n’avoir jamais été à la rencontre du public. L’entreprise s’avèrera tout aussi éphémère que peu productive. Quelle place devraient alors occuper ces quelques œuvres produites, mais non diffusées, dans l’historiographie de la création musicale et cinématographique canadienne ? Comment inscrire des œuvres invisibles — n’ayant pas marqué la mémoire collective — dans un discours valorisant le patrimoine musical d’une culture donnée ? Cette présentation portera attention aux gestes accomplis, aux réseaux de relations et aux traces de ces phénomènes éphémères incarnant néanmoins un processus créatif collectif concrétisé. La présentation se terminera avec la projection de « En roulant ma boule », possiblement la première synchronisation son-image réalisée au Canada.