Présidence : Yves Frenette, Université de Saint-Boniface
François-Olivier Dorais, Université du Québec à Chicoutimi
Danielle Gauvreau, Université Concordia
Allan Greer, Université McGill
Matteo Sanfilippo, Università della Tuscia
Présidence : Yves Frenette, Université de Saint-Boniface
François-Olivier Dorais, Université du Québec à Chicoutimi
Danielle Gauvreau, Université Concordia
Allan Greer, Université McGill
Matteo Sanfilippo, Università della Tuscia
Joanne Burgess, Université du Québec à Montréal
Est-il possible d’envisager la recherche historienne comme une forme de recherche-création ? Il s’agit d’une expression, d’un concept, le plus souvent associé aux disciplines artistiques. Selon diverses sources, il s’agit en effet d’un processus de création artistique qui s’inscrit dans une démarche de recherche. Dans cette communication, j’aimerais inverser les termes de cette proposition pour examiner comment une démarche de recherche peut s’inscrire dans un processus de création artistique. Ainsi, il s’agit de réfléchir, à partir de l’exemple de l’élaboration du webdocumentaire De la ferme à l’assiette, à la relation complice et exigeante qui peut s’installer entre l’équipe créatrice et l’historien et de saisir comment la scénarisation proposée et les impératifs de la mise en narration et en image peuvent contribuer à l’émergence de nouvelles questions de recherche et à l’avancement des connaissances. Quelques exemples permettront d’illustrer ce processus dialogique par lequel la co- construction d’un projet artistique, d’abord imaginer comme véhicule de transfert des connaissances, peut animer et orienter la recherche historienne.
Rui Silvera et Gilles Tassé, labdoc, Université du Québec à Montréal
Notre webdocumentaire interactif porte sur l’histoire de l’alimentation au Québec entre 1890 et 1980. Plus précisément, il a pour objet l’évolution de la production et de la distribution du lait, ainsi que les modes de production de la confiture et du pain. Aborder de tels sujets, dans le cadre d’un processus d’apprentissage avec des jeunes publics n’a rien d’évident. Nous avons opté pour un scénario qui se base sur la création de six personnages – deux par produit – dont la trajectoire professionnelle est transformée par l’évolution des trois secteurs de l’alimentation (lait, confiture, pain). Concrètement, trois courts montages audiovisuels composés d’images d’archives découpées mettent en scène l’évolution de chaque personnage. Cette scénarisation passant par des cas nécessite plusieurs remontées en généralité que nous avons intégrées via des sections intitulées « en savoir + ». Les usagers peuvent alors interagir avec les documents d’archives montés (photographies, dessins, articles de journaux, etc.). Ils définissent ainsi les conditions de leur propre navigation. Chaque sélection d’un document pour les montages audiovisuels, chaque intervention sur la matérialité des sources, chaque lien entre les différents éléments partagés est le résultat de gestes créatifs qui relèvent tout à la fois d’opérations techniques et de choix éthiques. Ce sont ces gestes et leurs implications que nous allons présenter.
Rémy Besson et Gilles Tassé, labdoc, Université du Québec à Montréal
Depuis une vingtaine d’années, le cinéma et la télévision se sont tout à la fois adaptés aux nouveaux modes de production et de distribution numérique et à l’arrivée de plateformes de diffusion en ligne. Ces dernières modifient la manière de consulter des contenus cinématographiques et télévisuels. Le documentaire historique doit absorber les impacts de ces changements rapides d’habitudes et de formes de spectature. Le format du webdocumentaire constitue une réponse à cet état de fait. À première vue, il reprend les mêmes éléments que les documentaires télévisés ou cinématographiques, que ce soient des témoignages filmés, des reconstitutions ou encore des photographies et des séquences d’archives parfois accompagnés d’une voix hors champ. Toutefois, à bien y regarder, le mode de médiation de l’histoire proposé est bien différent. Il est attendu de la personne qui consulte un webdocumentaire qu’elle interagisse avec les éléments qui lui sont présentés. Elle interrompt et relance la narration, crée les conditions de sa propre navigation, s’adonne pendant quelques instants à un jeu sérieux, plonge dans un corpus de documents d’archives. Cela constitue non seulement une nouvelle « écriture » cinématographique de l’histoire, mais aussi de nouveaux modes de « lecture » du passé que nous allons présenter à travers quelques cas.
Éric Giroux, directeur, Écomusée du fier monde
Pour l’institution muséale, l’exposition demeure l’outil de communication privilégié pour s’adresser au public. Le musée d’histoire explore souvent une thématique en mobilisant des artefacts, des photographies et autres documents d’archives. Ces témoins matériels, accompagnés de textes simples et accessibles, sont mis en récit afin de susciter l’intérêt du visiteur et lui transmettre de nouvelles connaissances. Depuis quelques années, les technologies numériques ouvrent de nouvelles perspectives. Elles peuvent s’ajouter aux dispositifs de communication de l’exposition elle-même, ou encore être utilisées pour rejoindre des publics hors les murs du musée. Soucieux de contribuer au développement de son territoire d’intervention : le Centre-Sud de Montréal, l’Écomusée du Ker monde s’est engagé, avec différents partenaires, dans la réalisation du webdocumentaire De la ferme à l’assiette : une histoire en trois temps, trois produits. Dans notre présentation, nous évoquerons les diverses possibilités qu’offre ce nouvel outil, ainsi que les questionnements et les difficultés rencontrés lors de la réalisation du projet.
Présidence: Joanne Burgess, Université du Québec à Montréal
Cette séance réunit quatre communications et cinq intervenants pour rendre compte de l’élaboration d’un webdocumentaire interactif, De la ferme à l’assiette : une histoire en trois temps, trois produits. Notre objectif est multiple. D’abord, partager avec la communauté historienne une expérience stimulante de co-construction d’un projet visant au premier chef la diffusion, auprès de non-spécialistes – publics scolaires et visiteurs de musée –, de résultats de recherches touchant à l’histoire de l’alimentation au Québec. Il s’agira ainsi d’évoquer les origines de l’initiative, la mise en place d’un partenariat réunissant l’université, le musée et le milieu scolaire, et la constitution d’une équipe multidisciplinaire chargée de son élaboration et de sa réalisation. La séance vise également à explorer le webdocumentaire historien interactif comme mode de médiation et d’appropriation de contenus historiques, avec ses spécificités, ses riches possibilités et ses contraintes particulières. Elle examinera ensuite le processus de création du webdocumentaire interactif De la ferme à l’assiette et les choix qui ont guidé sa conception. La dernière communication cherchera à cerner comment ce médium, et les modalités d’élaboration de ce webdocumentaire interactif en particulier, peuvent transformer un projet d’histoire appliquée en démarche de recherche-création.
Marie-Eve Harton, Université du Québec à Trois-Rivières
Tout chercheur qui entend lier « l’événement » et les processus migratoires doit pouvoir scruter de manière fine les eux des migrants (immigrants et émigrants d’un lieu donné) et les contingents des personnes qui, pour un temps donné, ont été sédentaires. Il est maintenant admis qu’une simple analyse des soldes migratoires laisse dans l’ombre la grande mobilité des populations des 19e et 20e siècles et, de surcroît, les faits marquants et les circonstances qui ont incité les hommes et les femmes à migrer ou à ne pas le faire. Cette communication vise à présenter les profils sociodémographiques des populations régionales au Québec au tournant du XXe siècle sur le plan de la mobilité et de la sédentarité en tirant profit de l’Infrastructure intégrée des microdonnées historiques de la population du Québec (IMPQ).
Étienne Rivard, Université de Saint-Boniface
Le chasseur de bison et la mobilité spatiale qu’impose son mode de vie constituent souvent l’archétype de la culture métisse au 19e siècle. Ce mode de vie sera fortement affecté par les bouleversements qu’apportent la création du Manitoba en 1870 et les mouvements de colonisation qui suivront, lesquels précipitent la conversion économique de la région vers l’agriculture et la sédentarité. Bon nombre des chasseurs de bison perdront ainsi leur assise foncière et se disperseront dans les grandes Plaines de l’Ouest. À cet égard, la création du Manitoba représente un événement en soi. Toutefois, notre objectif consiste à apporter quelques nuances concernant la mobilité métisse au 19e siècle en montrant en quoi
: 1) la création du Manitoba n’est pas le seul événement à avoir perturbé la mobilité des brigades de chasseurs de bison; et 2) la mobilité métisse ne se réduit pas à cette chasse et s’exprime également à une échelle plus locale, celle de la colonie de la rivière Rouge (CRR) avant son annexion au Canada. Notre démonstration repose sur l’analyse des données nominatives du recensement états-unien de 1850 pour le comté de Pembina, ainsi que sur les registres des terres concédées dans la CRR entre 1822 et 1870.
Gregory Kennedy, Université de Moncton
L’historiographie acadienne passe sous silence la contribution des soldats acadiens pendant la Première Guerre mondiale et cela, malgré la création d’un bataillon acadien, le 165e bataillon du Corps expéditionnaire canadien (CEC). Nos recherches portant sur la participation volontaire des Acadiens confirment l’hypothèse de Jean Martin qui avance que nous avons sous-estimé le taux d’enrôlement chez les Canadiens français pendant la guerre en raison de notre négligence des communautés francophones hors Québec. Nos résultats préliminaires révèlent que les soldats acadiens du 165e bataillon étaient particulièrement jeunes en comparaison avec leurs homologues anglophones. En outre, ils étaient pour la majorité célibataires et très mobiles demeurant dans les villes des provinces maritimes (surtout Moncton) et même aux États-Unis. La question ici est de savoir jusqu’à quel point le service militaire n’était qu’une option parmi d’autres types d’emploi salarié pour les jeunes hommes. Ce service, certainement un évènement marquant, constituait-il une rupture ou une continuité du parcours de vie des recrues? Cette communication partage les résultats d’une analyse basée sur le jumelage des dossiers militaires des soldats acadiens à partir des données des recensements de 1911 et de 1921. Le but est de reconstituer leur parcours de vie et l’impact du service militaire.