Renaud Béland, Université du Québec à Montréal

L’« événement » sur lequel porte cette présentation est l’adoption de la Loi des relations ouvrières par le gouvernement d’Adélard Godbout en 1944. J’analyse un corpus de sources inédit afin de révéler des aspects méconnus de cet événement et de réévaluer son importance dans l’histoire sociale et politique du Québec. Pour réaliser cet objectif, trois étapes sont nécessaires : brosser un portrait des relations de travail et des revendications syndicales dans certains secteurs d’emplois publics et privés ; analyser la correspondance entre les gouvernements provincial et fédéral en ce qui concerne le traitement des conflits de travail ; étudier le parcours administratif et législatif du projet de loi jusqu’à son adoption.

Le cœur du corpus de sources utilisé est le fonds d’archives E24 du ministère du Travail de la BANQ. Ce fonds permet de jeter un regard nouveau sur les relations de travail et les revendications des travailleurs·euses des hôpitaux, des services publics municipaux et d’autres secteurs d’emplois cruciaux, ainsi que de connaître leurs avis sur la législation du travail pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il permet également de mettre en lumière la dynamique des relations entre Ottawa et Québec par l’entremise de leur ministère du Travail respectif.

Je désire donc présenter ce fonds d’archives et sa portée, essentielle dans la compréhension de « l’événement » et de son importance dans la longue durée, soit dans l’histoire des relations du travail et de l’histoire sociale du Québec. Le fonds offre l’opportunité de jeter un regard nouveau sur « l’événement » et ce qu’Arlette Farge appelle « l’épaisseur de la temporalité d’un fait ».