Benoit Marsan, Université McGill
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le Canada est témoin d’une agitation ouvrière sans précédent dont la Grève générale de Winnipeg de 1919 représente le moment emblématique. Cet épisode, connu sous le nom de la Révolte ouvrière, est un événement marquant de l’histoire ouvrière canadienne qui trouve aussi certains échos au Québec. À ce jour, c’est cependant le nombre record de grèves qui a principalement retenu l’attention de l’historiographie québécoise. Ceci a eu pour conséquence de circonscrire sa périodisation aux années 1919-1921. Situer la Révolte ouvrière québécoise dans un contexte plus large, par exemple les manifestations de soutien à la grève générale de Winnipeg, aux mouvements révolutionnaires européens ou encore à l’idée d’un syndicalisme industriel plus radical, permet une appréciation différente de ce moment. À partir de l’exemple des mouvements de protestations de sans-travail montréalais qui font place au déploiement d’un large répertoire d’action et qui ont cour de 1919 à 1925, cette communication propose de revisiter la dimension québécoise de ces années d’effervescence politique et sociale dans le contexte québécois. La prise en compte des manifestations contre le chômage permet ainsi une plus grande appréciation de la portée de la Révolte ouvrière québécoise et amène à reconsidérer sa périodisation.