Sylvie Taschereau, Université du Québec à Trois-Rivières

L’emploi de travailleurs migrants temporaires n’est pas une caractéristique nouvelle des économies canadienne et québécoise. À partir les années 1970 cependant les politiques canadiennes, jusque-là orientées vers l’immigration permanente, ont favorisé puis privilégié l’entrée de travailleurs temporaires.

C’est également à partir de ces années que le Québec s’est réapproprié par étapes le droit de sélection des migrants qui s’établissent sur son territoire. Conclu en 1991, « L’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains », lui reconnaît cette responsabilité.

Depuis le tournant des années 2000, le nombre de travailleurs migrants peu qualifiés qui entrent au pays connaît une croissance exponentielle : au Québec, le phénomène est saisissant. La pandémie actuelle révèle l’importante contribution économique de ce cheap labor étranger, habituellement peu visible, en même temps que son extrême vulnérabilité. Employé dans des secteurs tels l’agriculture ou l’hôtellerie, il comprend aussi de nombreuses travailleuses domestiques et aides familiales.

Mes objectifs pour cette communication sont de retracer dans ses grandes lignes l’évolution des politiques québécoises en matière de travailleurs temporaires étrangers, d’en expliquer les enjeux et de mettre en lumière aussi les caractéristiques des discours qui les justifient. Je serai attentive aux interventions à ce propos, dans le débat public, de différents acteurs sociaux : politiciens, bien sûr, mais également représentants patronaux, syndicaux, et organismes d’aide aux migrants. J’utiliserai pour cela des sources gouvernementales (débats parlementaires, rapports et avis experts; documents produits lors de consultations) et, de façon sélective, des journaux.