Emmy Bois, Université Laval

Le 24 décembre 1722, l’intendant Michel Bégon émet une ordonnance afin de procéder à la confection du papier terrier général de la Nouvelle-France. La production de ce papier terrier – dont les motifs s’inscrivent dans la longue durée – oblige les seigneurs à fournir aux autorités des copies de leurs titres de propriété, les actes de foi et hommage ainsi que les aveux et dénombrements de leur(s) seigneurie(s). Rétrospectivement, la réponse des seigneurs est inégale : si la majorité s’y conforme, d’autres accusent des retards importants dans la production des documents nécessaires au terrier, alors que les seigneurs ecclésiastiques s’y opposent.

Dans le cadre de cette communication, nous proposons d’interroger l’ordonnance du 24 décembre 1722 – et notamment la production des aveux et dénombrements (1723-1745) – au regard du développement de la gestion seigneuriale, et surtout relativement à la confection des papiers terriers seigneuriaux. En effet, il s’avère que des copies seigneuriales des aveux ont servi parfois de base pour la préparation de papiers terriers quelques années plus tard. Ainsi, la production d’aveux et dénombrements stimule-t-elle l’apparition de stratégies de gestion plus développées dans les seigneuries de la vallée laurentienne ?

Notamment, assiste-t-on à une hausse de confection de papiers terriers après 1745 ? Nous démontrerons – entre autres – que si l’ordonnance de 1722 et la production d’aveux et dénombrements peuvent avoir influencé le moment où certains seigneurs se dotent d’outils de gestion, les papiers terriers laurentiens ont été produits massivement (94%) après 1763, et surtout entre 1792 et 1854.