Julie Francoeur, Université Laval

Le 11 janvier 1850, la Maison Ste-Madeleine, administrée par Marie-Josephte Fitzbach à la demande de George Manly Muir, ouvre ses portes dans le faubourg populaire de St-Jean-Baptiste à Québec. Cette ouverture est considérée comme étant l’évènement fondateur de l’institution et de la communauté des Soeurs du Bon-Pasteur de Québec, et ce, même si celle-ci n’est officiellement érigée et incorporée comme communauté religieuse qu’en 1856. Pourtant, les premières années de la Maison St-Madeleine ont été très houleuses et le futur de l’institution plus qu’incertain, l’établissement souffrant d’un sousfinancement chronique en raison de la frilosité des élites bourgeoises de la ville à financer l’assistance aux femmes dites « de mauvaise vie ». Cette communication s’attarde aux limites de l’identification et de la construction d’évènements « marquants » dans l’écriture de l’histoire, occultant les processus longs et peu documentés menant à la création de réseaux d’institutions durables et complexes au XIXe siècle. Le récit d’évènements fondateurs, dans ce contexte, se construit à posteriori et poursuit des objectifs clairs d’ancrage dans un plus large récit historique, valorisant le relatif succès d’implantation de l’institution et de la communauté dans les réseaux d’assistance de la ville de Québec. Ainsi, en tant qu’historienne, comment critiquer la construction de « l’évènement » afin de saisir les dynamiques et interactions à l’origine du modèle d’assistance québécois, perdurant pendant plus d’un siècle ?