Thierry Simonet, Université d’Ottawa
Cette présentation a pour objectif de présenter le Fonds des Voyageurs comme le lien social entre les voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest et leurs employeurs de l’élite marchande de Montréal (à majorité écossaise), entre 1790 et 1821. Les voyageurs, souvent canadiens, sont les individus les plus « mobiles » du Bas-Canada à la fin du XVIIIe siècle. Cette mobilité s’inscrit dans une recherche individuelle d’améliorer son destin économique. L’historiographie considère souvent les liens entre l’élite marchande et les voyageurs comme étant strictement mercantile. Malgré les différences sociales qui les opposent, les deux groupes possèdent néanmoins une identité commune basée sur l’expérience de la mobilité dans les Pays d’en haut. S’il est d’usage de définir les voyageurs comme des individus incapables d’afficher une conscience de groupe, il existe pourtant une « communauté du voyage », à tout du moins à partir de 1790, date à laquelle certaines élites de cette communauté, inspirées par les lumières écossaises, créent un fonds de secours pour les voyageurs malades ou infirmes, leurs veuves et leurs orphelins. Cet événement, s’il en est un, remet en question les relations sociales des « barons » de la fourrure avec leurs engagés dans les espaces de la mobilité pelletière.