Adrien Rannaud et Stéphanie Proulx, Université de Toronto

La communication s’attachera à circonscrire le rôle et la portée des médias écrits dans la fabrique de l’événement culturel, à partir d’un phénomène important de la culture médiatique québécoise du mitan du XXe siècle qui cristallise à la fois la culture de la célébrité moderne et les rapports sociaux de genre : l’élection, puis le couronnement de la Reine de la Radio et de la Télévision. On s’intéressera ici plus particulièrement à l’histoire du couronnement de la Reine, ainsi qu’aux modalités de représentation de la célébrité féminine qui se dégage du récit de l’événement fait par l’hebdomadaire Radiomonde.

Lancé en 1939, le concours de Miss Radio (puis Reine de la Radio et de la Télévision) donne au public l’opportunité d’élire son artiste féminine préférée. Deux temps forts structurent l’élection : d’abord, le scrutin est tenu à l’automne, de façon à ce qu’on annonce le résultat final avant Noël; puis, la cérémonie du « couronnement » a lieu au printemps ou à l’été de l’année suivante, lors d’un gala qui récompense les plus grands succès culturels de la saison. Tenue jusqu’en 1972, l’élection est progressivement ritualisée selon des codes publicitaires et médiatiques bien rodés. Ce sont ces codes à l’oeuvre qui nous intéresseront, notamment dans les procédés de figuration de la célébrité élue : tantôt Cendrillon des temps modernes, tantôt souveraine en son royaume, la Reine cristallise un système d’assignations dans lequel la culture de la célébrité sert à réaffirmer des contraintes en matière de genre.