Joseph Gagné, postdoctorant, Université de Windsor

Alors que Montcalm et son armée mènent l’assaut contre le Fort William Henry sur les berges du lac George en 1757, le marquis ne peut pas compter que sur ses canons. Pour mener à bien son siège, il doit également se tenir informé sur l’état de son adversaire et de tout renfort possible. Cette communication se penche donc sur un élément de la logistique militaire sous-représenté dans l’historiographie de la guerre de Sept Ans : le renseignement. À l’avant-plan de cette quête d’informations sur William Henry se trouvent les relations franco-autochtones tendues. L’état-major français admet avec une certaine réticence être dépendant des chefs de guerre pour leur fournir leur renseignement principal. L’exemple le mieux connu est l’interception par un guerrier de « la cruelle nouvelle » devant informer le lieutenant-colonel George Monro de l’incapacité du général Webb à secourir le Fort William Henry. Par cette anecdote seule, d’abord immortalisée par le roman Le Dernier des Mohicans de James Fenimore Cooper et ensuite par ses nombreuses adaptations au cinéma, la mémoire collective retient une image simplifiée qui cache un monde beaucoup plus complexe et fascinant où la variété d’activités de renseignement aurait mérité autant d’attention du monde littéraire.