Alexandre Klein et Hubert Larose-Dutil, Université d’Ottawa
Entre le 7 et le 13 juillet 1929, Montréal accueillit plus de 6000 infirmières venues du monde entier pour assister au congrès organisé par le Conseil international des gardes-malades. Une semaine de conférences, de tables rondes, de visites et d’échanges fructueux autour des principaux sujets et défis au cœur de l’exercice infirmier, que ce soit le développement de l’hygiène sociale, la pratique en service privé ou les rapports des écoles de gardes-malades avec les universités. « Le Congrès international des infirmières à Montréal a été un succès sans précédent » rapportait quelques semaines plus tard L’Infirmière française. Or, on le sait peu, mais la participation des gardes-malades canadiennes- françaises à cette grand-messe mondiale a été l’objet de débats importants. En effet, le comité canadien d’organisation créé pour l’occasion était entièrement anglophone. Cette absence de représentation francophone fut vécue comme une offense de la part des gardes-malades canadiennes-françaises qui envisagèrent alors de boycotter le congrès. Il fallut la mobilisation soutenue d’un petit groupe de gardes- malades, mené par la directrice de la toute nouvelle revue La Garde-Malade Canadienne-Française, Charlotte Tassé, et soutenu par les instances religieuses et universitaires de la province, pour que deux francophones soient finalement intégrées à l’organisation et que les gardes-malades canadiennes- françaises acceptent alors de participer au congrès. C’est sur cet évènement peu connu de l’histoire infirmière québécoise et canadienne que nous souhaitons revenir au cours de cette communication, afin d’en montrer toute l’importance, notamment en ce qui a trait à l’affirmation d’un modèle infirmier proprement canadien-français en cette première moitié du XXe siècle.