Emmanuel Bernier, Université Laval

Durant les années 1960, l’État québécois prend à sa charge plusieurs services qui étaient auparavant assurés par l’Église catholique. On voit alors plusieurs religieuses oeuvrant en milieu scolaire troquer l’habit monastique pour la jupe et le chemisier, et des prêtres assurant la pastorale hospitalière laisser le col romain au vestiaire. Les décisions à l’origine de ce changement découlent beaucoup plus des autorités ecclésiastiques et de membres du clergé que de l’État provincial. Le décret Perfectae Caritatis ratifié par le pape Paul VI en 1965 demande en effet que l’habit religieux soit « approprié aux exigences de temps et de lieux ainsi qu’aux besoins de l’apostolat ». Même s’il continue à être considéré comme un « signe de consécration » (Perfectae Caritatis), l’habit religieux est désormais vu par ceux et celles qui le portent comme une barrière empêchant un authentique dialogue avec les laïcs, à un moment où l’Église catholique vit une « crise de crédibilité » (Lemieux et Montminy, 2000) sans précédent au Québec. À l’aide d’un florilège de témoignages de religieux et de laïcs diffusés dans la presse écrite de 1960 à 1975, mais aussi d’articles tirés de revues comme La vie des communautés religieuses, nous tenterons de voir comment l’abandon du costume est perçu à la fois au sein du clergé que du laïcat.