Stéphanie Bourque, Université d’Ottawa

En 1955, les milieux associatifs et gouvernementaux québécois contribuent à l’effort de commémoration du bicentenaire de la Déportation de 1755 qui se déroule à travers les provinces maritimes. Si le Québec et l’Acadie ont depuis le XVIIIe siècle entretenu des relations à différents degrés, il n’est pas clair que le Québec se soit nécessairement considéré comme la « mère-patrie » ou l’« État parent » (Brubaker, 1995) de l’Acadie. À partir d’une étude de la presse englobant la plus grosse part possible du champ intellectuel québécois, nous tâcherons de sonder la conscience « métropolitaine » du Québec afin de voir si ce dernier inclut ou non les Acadiens dans la diaspora canadienne-française (au même titre que les Franco-Ontariens et les francophones de l’Ouest, par exemple) ou si, à tout le moins, il se croit investi de responsabilités particulières envers eux à titre de « foyer » de l’Amérique française. Le concept de référence développé par Fernand Dumont, qui postule que la conscience nationale repose sur le sentiment de partager une expérience historique commune, nous permettra de déterminer si la presse québécoise inclut la Déportation de 1755 dans la mémoire nationale du Canada français. L’étude de place qu’occupent les célébrations du bicentenaire de la Déportation dans la presse québécoise nous permettra de déterminer jusqu’à quel point l’on considère le Grand Dérangement des Acadiens comme faisant partie de l’expérience collective des Canadiens français au moment où, à la veille de la Révolution tranquille, les deux collectivités s’apprêtent à s’engager dans un processus de modernisation rapide.